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Giovanni Antonio Burrini

Bologne, 1656 – 1727

 

Caricature d’un gentilhomme présentant un placet, vers 1685

 

Plume et encre brune, lavis gris et brun

255 x 185 mm

Annoté en bas à gauche : Burini       

 

Issu d’un milieu modeste, Burrini passe pour avoir longtemps été assez réservé et facilement intimidé. Ce trait de caractère ne l’empêche pas de mener une carrière qui va faire de lui l’un des décorateurs les plus importants de l’Italie du Nord. Élève de Domenico Maria Canuti, Burrini est très tôt remarqué et soutenu par un gentilhomme bolonais amateur de peinture, Giulio Cesare Venenti qui prend en charge un séjour de l’artiste à Venise. Après le départ de son maître pour Rome en 1672, Burrini passe dans l’atelier de Lorenzo Pasinelli, puis devient l’un des collaborateurs de Domenico Maria Crespi. Se consacrant essentiellement à la fresque, Burrini exécute de nombreux cycles décoratifs, le plus significatif étant celui de la villa Albergati (aujourd’hui Teodoli) à Zola Predosa (1683-1685). Cette œuvre de jeunesse dénote une nette tentative de renouvellement de la peinture bolonaise, en comparaison avec le courant dominant du classicisme local. Travaillant essentiellement à Bologne (fresques de la chapelle de Saint Gaétan, église des Teaniti ou décors de l’église Sainte Catherine de Saragosse), Burrin est également appelé à Turin ou Novare. Dans ses rares œuvres de chevalet (Herminie chez les bergers ou Suzanne et les vieillards, Bologne, Pinacoteca nazionale), son pinceau, dense et vibrant, rappelle Véronèse, Tintoret, les jeunes Carrache, et révèle sa sympathie pour les artistes non bolonais de tendance baroque comme Luca Giordano. Burrini fait partie des membre fondateurs de l’Accademia Clementina, créée en 1709, dont il sera nommé principe en 1724.

 

S’inspirant des caricatures des Carracci ou des dessins de son ami, le graveur Giovanni Maria Mitelli, Burrini a réalisé de nombreux dessins caricaturaux dont un groupe conservé à la Biblioteca Comunale de Forli[1]. Dans ces œuvres faites sur le vif, Burrini garde une grande spontanéité auquel il ajoute une certaine acuité psychologique et le pittoresque du costume. Dans notre dessin, dont les dimensions sont égales à celles des dessins de Forli et qui porte également, comme eux, l’indication du nom de l’artiste en bas à gauche, Burrini décrit un gentilhomme, chapeau et épée sous le bras, s’inclinant avec déférence et tenant de la main droite un placet – une demande écrite pour obtenir une grâce ou une faveur - qu’il semble vouloir poser respectueusement sur une table. Toutes ces caricatures semblent pouvoir être datés de la première partie de la carrière de l’artiste par la mention, au XIXe siècle, d’un album de 45 « ritratti di serventi, artisti, ed altri addetti alla famiglia quasi tutti ridicoli » conservé au palais Albergati de Zola Predosa dont Burrini réalise la décoration vers 1683-1685[2].

 


[1] E. Riccòmini, Gian Antonio Burrini, Bologna, 1999, n°27-31, p. 227-228, ill. 123-127.

[2] Ibid., n°91-146, p. 244.



 
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