Edme Bouchardon
Chaumont-en-Bassigny, 1698 – Paris, 1762
L’Enfance de Bacchus, vers 1740
Sanguine
210 x 465 mm
Elève du sculpteur Coustou, Edme Bouchardon obtient le premier prix de Rome en 1722 et séjourne ensuite en Italie durant dix ans, copiant les statues antiques et admirant la sculpture baroque italienne. Après ce long séjour où il réalise des travaux pour le pape Clément XII et pour le cardinal de Polignac, Bouchardon est rappelé à Paris pour se voir confier de nombreux travaux pour Versailles et d’autres demeures royales. Ses œuvres les plus importantes sont les sculptures du bassin de Neptune à Versailles, la fontaine de la rue de Grenelle et plusieurs statues religieuses pour l’église Saint-Sulpice.
Inspiré d’un passage des Métamorphoses d’Ovide (Livre III, versets 310-315), ce dessin représente L’Enfance de Bacchus et son éducation par les nymphes Hyades. Né des amours de Jupiter et de Sémélé, fille du roi de Thèbes, Bacchus est en proie à la vindicte de Junon. Pour le sauver, Mercure confie l’enfant aux Hyades, les nymphes de la pluie qui résident sur le mont Nysa. Ici, Mercure, au centre, pointe du doigt Bacchus qu’il vient de confier aux sept nymphes. Sur la gauche, une de celles-ci est en train de tirer du lait d’une chèvre pour nourrir l’enfant. Au-dessus de l’animal, on remarque cependant une grappe de raisin. Selon la légende, l’enfant préférait manger les raisins de la vigne dissimulant la grotte où il résidait avec les nymphes : c’est de là que viendrait son goût prononcé pour le vin !
La fonction de cette esquisse de composition n’est pas connue de manière certaine. Son format allongé laisse penser qu’il pouvait s’agir d’une première pensée pour un bas-relief sculpté. Cette feuille conserve cependant son montage et son cadre d’origine, et constitue donc une œuvre autonome destinée à un amateur. Très tôt, en effet, les dessins achevés de Bouchardon sont recherchés par les collectionneurs. Le style énergique, avec des hachures de sanguine larges et vigoureuses, et le soin apporté aux détails confirment cette hypothèse.
Nous remercions M. Edouard Kopp, spécialiste de l’artiste, qui nous a aimablement confirmé l’attribution de ce dessin et nous a fourni généreusement de précieux éléments pour la rédaction de cette notice.