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Giovanni David

Cabella Ligure, 1743 – Gênes, 1790

 

L’Éducation d’Achille, 1784

 

Plume et encre de Chine, aquarelle

450 x 900 mm

 

Provenance

Giacomo Filippo Durazzo III (1729-1812)

Gênes, collection Podestà

 

Bibliographie

M. Newcome Schleier et G. Grasso, Giovanni David pittore e incisore della famiglia Durazzo, Turin, 2003, n°D28g, p. 70-71

 

 

Né près de Gênes en 1749, Giovanni David bénéficie très jeune de la protection de la famille Durazzo, dont il deviendra le peintre attitré. C’est à leurs frais qu’il se rend à Rome en 1770 pour effectuer sa formation auprès du peintre Domenico Corvi. Après avoir obtenu un prix de dessin à l’Accademia de San Luca en 1775, David séjourne quelques temps à Naples puis à Venise avant de revenir s’installer à Gênes. Là, sous le patronage des Durazzo, il reçoit des commandes pour le Palais ducal (deux lunettes pour la Sala del Maggiore Consiglio) et pour les églises de la ville comme Santa Maria del Carmine, Santa Maria del Rifugio ou Santa Maria delle Vigne. Entre l’automne 1785 et l’automne 1786, David voyage en France, aux Pays-Bas et en Angleterre. De retour à Gênes, il exécute en janvier 1789 le catafalque pour les obsèques de Charles III d’Espagne dans l’église de San Lorenzo avant de disparaître brutalement de maladie l’année suivante.

 

En 1784, à l’occasion des noces de sa fille Maria Giovanna avec Paolo Gerolamo IV Pallavicini, le comte Giacomo Filippo Durazzo III, principal mécène de l’artiste, commande à cel ui-ci une série d’aquarelles de grand format sur les amours de Pélée, roi de Phtie et de la néréide Thétis. Cette série de six dessins, probablement destinée à orner les appartements des jeunes époux, se trouve aujourd’hui conservée au Palazzo Podestà Bruzzo à Gênes[1]. Notre feuille, la septième de cette suite, a été détachée des autres très tôt car elle n’apparait déjà plus dans l’inventaire des biens Durazzo de 1787. Il est probable qu’il s’agisse d’une première version refusée pour le dernier sujet des Amours de Pélée et Thétis consacrée à l’Education d’Achille, une autre feuille sur le même sujet se trouvant aujourd’hui conservée avec l’ensemble de la série au palais Podestà Bruzzo.

 

Des amours de Pélée et de Thétis naît Achille, rendu invulnérable par sa mère – nonobstant son talon – par un bain dans le Styx. Tout jeune, Achille est confié au centaure Chiron qui lui fournit une éducation physique et intellectuelle de haut niveau, faisant du jeune homme l’exemple même du héros parfait. Ici, David nous montre Achille jeune entraîné par le centaure Chiron. Il semble s’exercer à la course dans un paysage lumineux, quand son attention est attirée par Cupidon, le dieu de l’Amour qui le détourne de ses devoirs, au grand dam de Chiron. Au loin à droite, des néréides, allusion aux origines de la mère d’Achille, Thétis, jouent dans l’eau. Avec ses figures étranges aux mouvements brusques, notre feuille est caractéristique de l’imagination fertile de l’artiste, qui met toujours l’accent sur l’expressivité de l’action. On retrouve ici la veine néobaroque et préromantique des artistes hors normes du néoclassicisme que sont Giuseppe Cades ou Johann Heinrich Füssli, artistes que David a probablement rencontrés lors de son séjour romain des années 1770. La grande taille et le format tout en longueur sont, eux, plus inspirés par la scénographie théâtrale apprise par David lors de son séjour vénitien. Notre œuvre illustre ainsi parfaitement la description de l’art de David faite par son première biographe, Federico Alizeri : «  […] raro alle opere, bizzarro allo stile, oscuro alla vita e prossochè misterioso »[2].

 


[1] M. Newcome Schleier et G. Grasso, op. cit., n°D28a-g, p. 66-71. Les sujets des six feuilles sont La Rencontre en Pélée et Thétis, Le Banquet des dieux, Les Noces de Pélée et Thétis, Thésis plongeant Achille dans le Styx, Achille confié au centaure Chiron et L’Education d’Achille.

[2] F. Alizeri, Notizie dei professori del disegno in Liguria, Gênes, 1864, tome I, p. 371.



 
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