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Jean-Jacques Lequeu

Rouen, 1757 – Paris, 1826

 

L’Hôtel de Montholon à Paris et Le Château de Montgermont, 1789

 

Plume et encre de Chine, aquarelle

Diamètre 117 mm pour chaque

Signés et datés en bas à gauche : J.J. Lequeu Delin. 1789

Annotés en bas au centre : Vüe Perspective de l’hôtel de Montholon / Situé à Paris Boulevard Montmartre et Vue perspective du Château de / Montgermont, près Fontaine-bleau

 

 

Fils d’un maître-menuisier de Rouen, Jean-Jacques Lequeu est d’abord élève à l’École de dessin de Decamps où il remporte plusieurs prix de 1772 à 1778 et, en particulier, cette dernière année, le prix d’architecture pour un monument à la gloire de Louis XVI. Entré dans l’agence de l’architecte Le Brument, il réalise pour lui de nombreux dessins concernant la Madeleine ou l’escalier d’honneur du logis abbatial de Saint Ouen. Venu à Paris en 1779, Lequeu est admis à suivre le cours de David Le Roy à l’Académie d’architecture. Vers 1783, il voyage en Italie avec son protecteur, le comte de Bouville, avant d’être nommé associé adjoint à l’Académie de Rouen. La Révolution va cependant ruiner ses espérances. Sans emploi, il devient employé du cadastre de 1793 à 1801 et cartographe au ministère de l’intérieur de 1801 à 1815. S’il ne construit plus à partir de 1789, Lequeu dessine énormément. Fruits d’une surprenante imagination, ses projets utopiques constituent la partie la mieux connue de son œuvre. Ses dernières années sont accablées par la rancœur, l’oubli et la misère. Il essaie par trois fois de vendre ses dessins à la Bibliothèque Royale, mais sans succès et les donne finalement en 1825 à cette institution.

 

C’est durant ses premières années à Paris que Lequeu rencontre Jacques-Germain Soufflot, le grand architecte néoclassique, bâtisseur de l’église Sainte-Geneviève, aujourd’hui le Panthéon. Après la disparition de celui-ci en 1780, Lequeu devient dessinateur dans l’agence de son neveu, François Soufflot, dit Le Romain. C’est de cette époque que date cette paire de dessins, illustration du travail de l’artiste au sein de l’agence de Soufflot.

 

Commandé à François Soufflot le Romain par Nicolas de Montholon (1736-1789), riche président du parlement de Normandie, l’hôtel de Montholon est exécuté par Jean-Jacques Lequeu en 1785-1786. L'hôtel, bien qu’ayant fait l’objet de nombreuses transformations, est toujours en place, au 23, boulevard Poissonnière (anciennement boulevard Montmartre) à Paris. De nombreux dessins de Lequeu pour cet hôtel sont conservés à la Bibliothèque nationale (Plans et décorations intérieurs de l’hôtel Montholon, boulevard Montmartre, cote VE-92 fol.) mais aussi au Metropolitan Museum of Art : ils concernent essentiellement les aménagements intérieurs où l’influence piranésienne dans la surcharge des décors se fait particulièrement sentir. Célèbre dès sa construction, l’hôtel de Montholon possède une belle façade ornée d’un ordre colossal de colonnes engagées ioniques, en léger retrait par rapport à l’alignement du boulevard afin de ménager au premier étage une terrasse permettant de jouir de la verdure de la rue. C’est aujourd’hui le seul exemple conservé des hôtels construit sur les boulevards parisiens, à l’emplacement de l’ancienne enceinte de Paris. 

 

Le château de Montgermont, situé aujourd’hui sur la commune de Pringy en Seine-et-Marne, était à l’origine un manoir médiéval fortifié. Devenu propriété de la famille de Gontaut-Biron, il est entièrement réaménagé, en 1789-1790, à la demande de Jean-Armand-Louis de Goutaut-Biron, par Soufflot le Romain. Ici aussi, il semble que Lequeu soit surtout intervenu pour les aménagements intérieurs et des plans des appartements sont également conservés à la Bibliothèque nationale de France. L’obélisque placé au premier plan ne semble par contre jamais avoir été construit même si le parc du château comptait quelques folies comme un temple de l’Amour ou les ruines d’une chapelle gothique.

 

Nos charmantes petites aquarelles nous montrent les bâtiments en situation, dans leur contexte du boulevard Montmartre ou du jardin du château. Les inscriptions de la main de Lequeu sont tout à fait comparables à l’écriture de l’architecte que l’on peut voir sur les multiples dessins conservés à la Bibliothèque nationale de France. Il faut cependant se poser la question de la destination de ces dessins. Ils peuvent être mis en rapport avec la publication à la même époque de la suite des Vues pittoresques des principaux édifices de Paris, éditée par Le Campion frères et fils en 1787-1790, comportant 110 pièces circulaires gravées par Guyot ou Janinet d’après Sergent ou Roger et imprimées en couleurs au repérage. Les dimensions de ces estampes, 110 mm de diamètre, sont très proches de celles de nos dessins. Peut-être Lequeu, a-t-il souhaité également faire réaliser une série d’estampes pour conserver la trace de ses travaux dans l’agence de Soufflot ?



 
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