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Lorenzo Lippi

Florence, 1606 – 1665

 

Allégorie de la peinture, vers 1640

 

Sanguine

255 x 235 mm

Annoté à la plume en bas à gauche et à droite : Giovanni di San Giovanni / n°153

 

 

Lorenzo Lippi est l’élève de Matteo Rosselli et collabore avec lui jusqu’en 1632. Durant cette période, il exécute des peintures influencées par son maître pour des demeures privées, comme Samson et Dalila (Stockholm, musée national) et Les trois enfants condamnés à la fournaise (Florence, Galleria Palatina). Vers 1630 cependant, son attachement personnel pour la peinture de Santi di Tito et des grands maîtres florentins du XVIe siècle le guide vers un renouvellement de style radical. Ce changement est visible dans la composition synthétique et les effets de lumière de la fresque de la voûte de l’Oratoire des Vanchetoni à Florence (1639-40). Cette nouvelle orientation vers plus de luminisme et de naturalisme, ainsi que l’exigence d’une peinture didactique et compréhensible, dirigent sa production vers des œuvres d’une beauté légère mais d’une spiritualité profonde. Dans ces œuvres, en opposition avec les tendances baroques du moment, il crée une peinture limpide, modulée par une lumière claire qui purifie formes et objets. Il est considéré comme l’un des meilleurs peintres de son vivant à Florence et est élu à l’Académie en 1657. Lippi se distingua aussi par ses talents de poète : son Malmantile Racquisto di Perlone Zippoli, poème héroï-comique, parodie rocambolesque inspirée des aventures de la Jérusalem délivrée du Tasse, s’inscrivant dans le courant de la poésie burlesque, très vivante à Florence, contribua aussi à sa célébrité.

 

Notre dessin participe de cet ensemble remarquable que forment dans l’œuvre de Lippi les  allégories représentées sous une forme féminine, en buste, telles l’Allégorie de la Sottise humaine (Belfast, Ulster Museum), l’Allégorie de la Musique (collection particulière) ou encore l’Allégorie de la Simulation (Angers, musée des Beaux-Arts)[1]. Ces allégories, qui sont toutes datées du milieu des années 1640-début des années 1650, se ressemblent étrangement. En effet, il est de tradition de croire que Lippi se serait inspiré des visages des filles d’Agnolo Galli, un de ses principaux commanditaires ; Galli dont les 17 enfants, se trouvent tous représentés dans une autre peinture de Lippi, Le Triomphe de David (collection particulière)[2].

 

Par la rigueur de la forme, le caractère elliptique des contours – dont seuls sont soulignés ceux qui correspondent aux parties de la figure que l’artiste considère comme déterminantes pour la mise en place du personnage observé – notre dessin présente toutes les caractéristiques des études de figures de Lorenzo Lippi. Relativement peu nombreuses, dessinées à la sanguine, ces études sont toutes en relation avec des personnages isolés et correspondent souvent aux protagonistes de ses compositions peintes. C’est ce sens du geste épuré, de sa théâtralité retenue, différente du pathos dans d’autres centres artistiques, qui se manifeste ici. Les mains, un peu grosses, nettement disproportionnées, sont une autre de ces caractéristiques qui se retrouvent souvent chez Lippi et signent à elles seules sa manière. Notre feuille est ainsi très proche d’un dessin du Louvre, Femme de trois quarts, tenant une épée, se dirigeant vers la droite, étude pour une Judith (Paris, musée du Louvre, inv. 1261[3]). L’attribution à Giovanni da San Giovanni (Giovanni Mannozzi ; Valdarno 1592 - Florence 1636), notée à la plume à l’angle inférieur gauche de notre dessin signale une hésitation courante à l’égard de notre artiste que l’on retrouve  par exemple sur un dessin de Lippi également à la sanguine et représentant une Femme assise (Rome, Gabinetto Nazionale delle Stampe) annoté « Gio. da S. Gio. »[4].

 


[1] C. d’Afflitto, Lorenzo Lippi, Florence, 2002, n°64, p. 236-237, n°69, p. 242 et n°71, p. 244

[2] Ibid., n°123, p. 297-298.

[3] Ibid., n°D5, p. 337.

[4] Ibid., n°D4, p. 336.



 
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