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Johann Heinrich Luttringhausen

Mulhouse, 1783 – Bâle, 1857

 

Le Jardin de l’hôtel de Charost, ambassade du Royaume-Uni, vers 1826

 

Plume et encre brune, aquarelle et rehauts de gouache blanche

188 x 257 mm

Signé en bas à droite : JH Luttringhausen

 

 

Né à Mulhouse, Johann Heinrich Luttringhausen s’installe à Paris en 1820 où il expose dès 1822 des vues de Suisse. Très lié au milieu des artistes suisses topographes comme la famille Birman, l’artiste fréquente aussi à Paris Jean-Frédéric Ostervald, géographe et éditeur neuchâtelois installé à Paris durant cette même période. Il est ainsi amené à participer à l’illustration de l’Excursion dans les ports et sur les côtes de Normandie aux cotés de Bonington, Salathé ou Fielding. Toujours pour Ostervald, Luttringhausen réalise une série d’aquarelles destinées à illustrer un voyage pittoresque de Bâle aux sources du Rhin : cet ouvrage ne verra cependant jamais le jour et les aquarelles sont aujourd’hui conservées à la Bibliothèque nationale suisse à Berne. Après 1827, Luttringhausen s’installe à Bâle où il devient professeur de dessin.

 

Construit en 1722 pour Paul-François de Béthune-Charost, duc de Béthune, par l’architecte Antoine Mazin, l’hôtel de Charost, situé au 39 de la rue du Faubourg Saint-Honoré, reste dans la famille jusqu’en 1803, date à laquelle l’hôtel est acquis par Pauline Borghèse qui le fait redécorer par Fontaine. A la chute de l’Empire, c’est Arthur Wellesley, duc de Wellington, le vainqueur de Waterloo, qui l’achète pour en faire la résidence de l’ambassadeur de Grande-Bretagne en France. En 1825, le nouvel ambassadeur, Granville Leveson-Gower, fait réaménager l’hôtel par l’architecte Louis Visconti qui reconstruit les deux ailes sur jardin pour y installer la nouvelle salle de bal et la salle à manger d’apparat. Ces ailes sont reliées par une véranda de fonte en fer à cheval qui simplifie la distribution. C’est cette galerie délicate, qui fait aussi office de jardin d’hiver et existe toujours, que l’on remarque d’abord sur notre dessin qui peut être daté assez précisément de 1826 ou 1827, entre la fin des travaux de Visconti et le départ de Paris de l’artiste. La majestueuse façade de l’hôtel de Charost domine le jardin où l’on remarque l’ambassadeur et sa famille. A droite, lord Grandville (1773-1846), probablement accompagné de son épouse, lady Henriette Elizabeth Cavendish (1795-1862) et de deux amies. Dans le jardin, les quatre enfants du couple, Susan Georgina (1810-1866), Georgina Charlotte (1812-1885), Granville George (1815-1891) et Edward Frederick (1819-1907) cueillent des fleurs ou jouent près d’un jardinier.

 

Notre dessin fait suite à une autre vue du même jardin, également exécutée par Luttringhausen mais quelques années auparavant. Cette aquarelle, de dimensions similaires à la nôtre, conservée en collection particulière montre la façade et le jardin de l’hôtel de Charost vers 1824, avant donc les travaux exécutés en 1825 et l’ajout de la véranda de Visconti[1]. Peu de transformations dans le jardin cependant, les orangers en caissons, les rangées de pots de fleurs alignés sur le muret comme les massifs de fleurs plantés au bord des pelouses, ainsi que l’exigeait la mode, sont toujours présents. Nous pouvons donc supposer que l’artiste était un familier de l’ambassadeur et de sa famille qui lui ont commandés deux vues du même jardin, avant et après les travaux.

 


[1] Sous la direction de C. de Bourgoing, Jardins romantiques français, Du jardin des Lumières au parc romantique, 1770-1840, Paris, musée de la Vie romantique, 2011, p. 167-168, n°100.



 
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