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Piotr Michalovski

Cracovie, 1800 – Krzyztopporzyce, 1855

 

Un Chevau-léger polonais à cheval, vers 1830

 

Aquarelle

277 x 221 mm

Signé en bas à droite : P. Michalowski

 

 

Né à Cracovie en 1800, Michalowski est destiné à une vie aimable de propriétaire fortuné. Il s’intéresse à l’art militaire et aux mines. Il peint un peu, en dilettante. Vient l’insurrection polonaise de 1830 contre les Russes : il dirige la production d’armes et de munitions pour les insurgés. Deux ans plus tard, il est un émigré politique à Paris. C’est alors qu’il décide de devenir vraiment peintre et se forme chez Nicolas-Toussaint Charlet, au Louvre et dans les Salons. Il apprend si bien qu’il devient en peu de temps spécialiste des sujets équestres. Malgré ce début de carrière favorable, en 1835, parce que son père est près de mourir, il rentre à Cracovie. Durant la décennie suivante, tout en gérant le domaine familial, il continue à peindre et à dessiner pour son plaisir. En 1845, il songe à s’établir à Paris, où il fait un séjour et une exposition, avant d’y revenir en 1848 : la date est mal choisie. Il doit rentrer en Pologne pour participer à nouveau à une rébellion nationale et abandonne son atelier pour administrer Cracovie. En 1855, à sa mort, son œuvre picturale est ignorée de tous, sauf de sa famille. L’opinion selon laquelle Michalowski serait le représentant le plus éminent du courant romantique de la peinture polonaise n’est apparue que quelques dizaines d’années après sa mort, lors de la première grande rétrospective de son œuvre, présentée à Lvov en 1894.

 

La thématique militaire a toujours été chère au cœur de Michalowski. Il a peint des cavaliers isolés, des cavalcades, des défilés, des batailles… Son intérêt pour le sujet, qui remontait à l’adolescence, se renforça dans l’atelier de Charlet. C’est dans ce milieu, parmi les vétérans des guerres napoléoniennes, entouré de bonapartistes, qu’ont resurgi ses souvenirs liés à l’épopée de Napoléon. Piotr Michalowski avait connu, enfant, les moments d’exaltation et de joie liés aux événements de l’épopée napoléonienne, comme l’occupation de Cracovie par l’armée du grand-duché de Varsovie ou la marche de la Grande Armée sur Moscou en 1812. C’est probablement aussi dans l’atelier de Charlet que Michalowski découvre l’art de Théodore Géricault, ami de Charlet décédé en 1824, dont témoigne plusieurs copies de tableaux de Géricault. L’influence du grand peintre romantique a été essentielle pour sa propre évolution artistique.

 

Notre aquarelle combine ces deux influences, celles de Charlet et de Géricault. Le sabre pendant sur le flanc du cheval, une coiffure évasée appelée chapska et le plumet en saule pleureur désigne un chevau-léger lancier polonais. Les Polonais combattirent aux côtés de Napoléon dans l’espoir de retrouver leur indépendance, perdue à la fin du XVIIIe siècle. Ils participèrent à toutes ses campagnes et lui vouèrent une adoration sans bornes. Lors de l’entrée de Napoléon à Varsovie en 1806, un groupe de nobles polonais, conduits par le comte Krasinski, avait spontanément constitué une garde d’honneur à l’Empereur. Séduit par ces magnifiques cavaliers, celui-ci, par un décret en date du 2 mars 1807, décida de créer pour eux une unité et de l’incorporer à cette élite de l’armée qu’était la Garde impériale : c’est le 1er régiment des chevau-légers lanciers polonais. Jamais cette unité ne manqua de volontaires, tant Napoléon était populaire en Pologne et ces soldats furent parmi les plus fidèles de l’Empereur. Recevant souvent des missions d’éclaireurs d’avant-garde, ils se distinguèrent en maintes batailles et notamment en 1808 au combat de Somosierra où un seul escadron, dont il ne revint que quinze survivants, délogea 15 000 Espagnols et permit ainsi le passage du col à l’armée.

 

On peut rapprocher notre dessin de nombreuses autres œuvres de Michalowski conservées dans les musées nationaux de Varsovie et Cracovie[1]. L’apposition d’une signature clairement lisible peut donner une indication de date. En effet, les œuvres réalisées durant les périodes parisiennes de l’artiste (1832-1835 et 1845-1848) et destinées au marché de l’art, portent la signature, soigneusement calligraphiée, « P. Michalowski », qui évitait au client les difficultés de l’orthographe polonaise. La manière dont sont posés les coloris d’une main sûre et en traits larges et coulants, pourrait faire penser à une datation durant la première période parisienne.

 


[1] Piotr Michalowski 1800-1855 Wystawa dziel artysty w dwusetna roczince urodzin, Varsovie et Cracovie, 2000, n°247-258, p. 274-280 pour les portraits équestres et n°267-310, p. 287-309 pour les sujets militaires.



 
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