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Charles Natoire

Nîmes, 1700 – Castel Gandolfo, 1777

 

L’Alliance de la Poésie lyrique et de la Musique, 1745

 

Pierre noire, plume et encre brune, lavis brun et rehauts de craie blanche sur papier brun

213 x 255 mm

Annoté en bas sur le montage ancien : Monsieur Natoire Directeur del’Académie de France à Rome

 

Provenance

Collection Frizzoni, Bergame

Collection de Sanctis

Vente de cette collection, Genève, 22 novembre 1947, n°175, ill. XIX

Commandant Paul-Louis Weiller (1893-1993)

Par descendance, collection particulière

 

Bibliographie

S. Caviglia-Brunel, Charles-Joseph Natoire, Paris, 2012, p. 342, n°D387

 

 

Fils d’un sculpteur et architecte, Charles Natoire entre dans l’atelier parisien de Louis Galloche à l’âge de seize ans avant de devenir l’élève de François Le Moyne trois ans plus tard. Il obtient le Prix de Rome en 1721 et part à Rome comme pensionnaire à l’Académie de France. Agréé à l’Académie Royale à son retour en France neuf ans plus tard, il devient académicien en 1734. Parmi ses œuvres les plus importantes figure une série de dix-neuf peintures pour le château de La Chapelle-Godefroy en Champagne. Il travaille pour l’hôtel du duc d’Antin à Paris et plus tard rejoint François Boucher et Carle van Loo pour terminer la décoration de l’hôtel de Soubise. Il reçoit également des commandes royales pour Fontainebleau, Versailles et Marly. Nommé directeur de l’Académie de France à Rome en 1751, Natoire reste jusqu’à la fin de sa vie en Italie. Il passe ses dernières années à dessiner, réalisant alors de nombreux paysages qui eurent une forte influence sur deux jeunes pensionnaires, Fragonard et Hubert Robert.

 

En 1746, Natoire expose au Salon deux petits tableaux de cabinet, l’un représentant L’Union de la Peinture et du Dessin, l’autre L’Alliance de la Poésie lyrique et de la Musique, une commande de Jean de Julienne, l’un des plus grands collectionneurs du XVIIIe siècle, ami de Watteau et protecteur de nombreux artistes (localisation inconnue pour le premier ; Ann Arbor, The University of Michigan Museum of Art (inv. no. 1994/1.81) pour le second, fig. 1)[1]. Dans L’Alliance de la Poésie lyrique et de la Musique, Natoire nous montre deux femmes assises sous une colonnade incurvée. Celle de gauche, la Poésie lyrique tenant une lyre, se penche vers sa compagne, la Musique, qui tient ouverte sur ses genoux une partition de musique qu’elle désigne de la main droite ; elles sont entourées de plusieurs putti jouant de la viole ou de la trompette. Des portraits en médaillons sont suspendus aux colonnes de l’arrière-plan à droite et à gauche : ce sont ceux du poète Philippe Quinault et du compositeur et musicien Jean-Baptiste Lully. Ce dernier composa en 1686 sa dernière tragédie en musique, Armide – dont le titre est inscrit sur la partition tenue par la Musique – sur un livret de Quinault. Cette identification de le Poésie lyrique et de la Musique avec ces deux artistes est le reflet de l’opinion commune au XVIIIe siècle selon laquelle la musique et les lettres auraient brillé de leur plus grand éclat en France sous le règle de Louis XIV. 

 

Notre feuille est considéré comme le seul dessin préparatoire pour la composition. Ici, Natoire a mis en place tous les éléments de son tableau mais a omis certains détails comme les portraits en médaillons ou l’inscription sur la partition. Notre feuille a peut-être été réalisée en vue de la présentation de la composition au commanditaire, Jean de Julienne. Les autres dessins connus de cette composition sont considérés par Mme Caviglia-Brunel comme des riccordi destinés aux amateurs, une pratique courante chez Natoire à cette époque (La Musique, Nîmes, musée des Beaux-Arts)[2].

 


[1] S. Caviglia, op. cit., n°P 177 et 178, p. 340-341.

[2] Ibid, n°D 388-391, p. 342-343.



 
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