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Jean-Joseph Taillasson

Bordeaux, 1745 – Paris, 1809

 

Scène d’histoire antique, vers 1790

 

Pierre noire, pinceau et lavis d’encre brune

290 x 400 mm

Signé en bas à gauche : Taillasson

 

Provenance

François Renaud (Lugt 1042)

 

 

Originaire de Bordeaux, Jean-Joseph Taillasson se forme dans l’atelier du graveur André Lavau. Le jeune peintre, s’étant fait remarquer par son talent, se rend à Paris en 1764 pour intégrer l’atelier de Joseph-Marie Vien, où il côtoie d’autres artistes tels que Regnault, Ménageot, David et Vincent. Après plusieurs échecs au concours de Rome, il fait le voyage d’Italie à ses frais. À son retour, il est reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture (1783) avec son Ulysse et Néoptolème enlevant à Philoctète les flèches d’Hercule (Bordeaux, musée des Beaux-Arts). A partir de cette date, il expose régulièrement au Salon de grands tableaux dont les thèmes sont tirés de l’histoire ancienne, illustrations fidèles de récits littéraires propres à toucher une sensibilité éveillée aux grands exemples de l’Antiquité : Virgile lisant l’Énéide à Auguste et Octavie (1787, Londres, National Gallery), Sapho à Leucate (1791, Brest, musée des Beaux-Arts), Timoléon à qui les Syracusains amènent des étrangers (1796, Tours, musée des Beaux-Arts), Héro et Léandre (1798, musée de Blaye) ou encore Olympias (1799, Brest, musée des Beaux-Arts). Si les thèmes correspondent au contexte politique, leur composition s'inspire directement de Poussin, dont Taillasson est un fervent admirateur. L’artiste se place ainsi parmi les meilleurs représentants de la peinture néo-classique. Taillasson est aussi écrivain et critique d’art, publiant Le Danger des règles dans l’art en 1785, les Chants de Selma d’Ossian en 1802 et Observations sur quelques grands peintres avec un précis de leur vie en 1807.

 

Taillasson préparait soigneusement ses principales peintures par des dessins d’ensemble et de détails. Notre dessin, très fini, est bien représentatif de sa manière mais le sujet demeure obscur, le tableau ne semblant pas avoir été jamais réalisé. Dans un intérieur palatial, un roi entouré de ses courtisans qui se détournent indique du bras droit une femme agenouillée au centre. Les figures des suivantes à l’arrière-plan à droite expriment l’étonnement et la frayeur. Il pourrait s’agit d’une scène inspirée par une tragédie de Racine, l’artiste ayant réalisé quelques dessins sur ce thème dont Xapharès arrêtant Monime au moment qu’elle allait avaler le poison que Mitridate lui avait envoyé, conservé à l’Albertina à Vienne[1], très proche de notre dessin. La composition en frise, la théâtralité du dispositif scénique à la profondeur restreinte, l’expression mesurée des personnages sont typiques des œuvres de l’artiste.

 

Nous remercions Monsieur Benjamin Esteves, spécialiste de l’artiste, qui nous a aimablement confirmé l’attribution de ce dessin et nous a généreusement fourni des éléments précieux pour la rédaction de cette notice.

 


[1] Pierre noire, pinceau et lavis d’encre de Chine, 360 x 470 mm, Vienne, Graphische Sammlung Albertina (J-P. Mouilleseaux, « Taillasson », in Le Port des Lumières, la peinture à Bordeaux, 1750-1800, Bordeaux, musée des Beaux-Arts, 1989, n°112.

 



 
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