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Anders Zorn

Mora, 1860 – Stockholm, 1920

 

Les Cousines, 1881

 

Plume et encre brune, lavis d’encre brune, rehauts de gouache blanche

310 x 220 mm ou 250 x 190 mm

Signé, situé et daté en bas à droite : Zorn / Cadiz 81

 

 

Issu d’un milieu modeste, Zorn se forme à l’Académie royale des arts de Stockholm. Dès 1880, il expose à l’Académie de Stockholm son aquarelle En Deuil qui suscite l’admiration générale. Mais à vingt ans, l’artiste décide de quitter sa Suède natale pour sillonner l’Europe : l’Espagne d’abord, puis Londres et Paris. Souvent d’un format monumental, les aquarelles de Zorn rendent compte des itinéraires d’un peintre voyageur qui, d’Ouest en Est et du Nord au Sud, égrène les villes étapes : Constantinople, Alger, Saint Ives en Cornouailles, Hambourg, sans oublier la lagune vénitienne, ni l’archipel de Stockholm. Dans ces vues de ports, dans ces marines, Zorn excelle à rendre le mouvement de l’eau, « à mettre - selon son expression - les vagues et les clapotis en perspective ». En 1888, Zorn s’installe à Paris où il devient rapidement une figure en vue de la vie artistique parisienne, fréquentant et portraiturant nombre de personnalités célèbres (Auguste Rodin, Ernest Renan, Paul Verlaine…). A partir de 1893, à la suite d’un voyage aux États-Unis, sa carrière de portraitiste mondain s’intensifie. Banquiers, magnats de l’industrie, hommes politiques - dont trois présidents des États-Unis -, tous veulent leur portrait par Zorn. En 1896 cependant, Zorn et sa femme quittent Paris pour s’installer dans son pays natal à Mora, en Dalécarlie, au bord du lac Siljan. L’artiste apprécie de pouvoir mener là une vie simple au contact de la nature. Il consacre ainsi la dernière partie de son œuvre à la vie traditionnelle et aux baigneuses, qui associe paysages et nus épanouis.

 

Le premier voyage de Zorn le conduit en Espagne, de Madrid à Séville, puis à Cadix, en route pour Tanger. Mais une épidémie de choléra l’oblige à séjourner plus longuement dans le port andalou. Là, il se lie d’amitié avec Ramón Rodríguez Barcaza, professeur à l’académie des Beaux-Arts de la ville, et ses trois filles. C’est l’une d’elles, accompagnée d’une cousine, que Zorn a dessiné ici, à l’automne 1881. Les deux jeunes espagnoles aux cheveux noirs et bouclés, les yeux sombres et scintillants, regarde franchement l’artiste. L’une d’elle, assise sur les genoux de l’autre, presse son visage contre sa cousine. Derrière un large éventail, la seconde esquisse un sourire énigmatique. Le fond esquissé, largement hachuré, met en valeur des deux jeunes filles, isolées de tout contexte qui détournerait d’elles le regard du spectateur. On sent ici la maitrise de Zorn qui était capable de faire un portrait en moins de vingt minutes. De cette œuvre, Zorn tirera une aquarelle de grand format (collection particulière, fig. 1)[1], daté janvier 1882 qui obtient un grand succès lors de son exposition à Paris la même année. Une année plus tard, devant le succès de la composition, Zorn réalise, d’après l’aquarelle, une de ses premières eaux-fortes[2]

 


[1] J. Cederlund, Zorn masterpieces, Mora, musée Zorn et Stockholm, Prins Eugen Waldemarsudde, 2010-2011, p. 24-25.

[2] L. Delteil, Anders Zorn, Le Peintre-graveur illustré, tome 4, Paris, 1909, n°6.



 
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