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Simon Denis

Anvers, 1755 – Naples, 1813

 

Danseur de tarentelle, 1809

 

Huile sur papier

25,3 x 25,2 cm

Daté en bas à droite : 1809

Au verso, signé deux fois et numéroté : DD/11

 

Bibliographie

M. T.  Caracciolo, « Danser pour se sentir ancien. La mode de la tarentelle vers 1790 », dans P. Costamagna & O. Bonfait (ed.), La Peinture de genre au temps du cardinal Fesch, actes du colloque, Ajaccio, musée Fesch, 2008, p. 28

O. Bonfait (ed.), Le peuple de Rome. Représentations et imaginaires de Napoléon à l’Unité italienne, Ajaccio, Palais Fesch-Musée des Beaux-Arts, 2013, n°0.8, p. 78

 

 

Simon Denis fait partie de ces peintres à cheval sur les siècles comme sur les pays : d’abord formé à Anvers, il arrive à Paris vers 1775 et obtient de son mécène, le célèbre marchand Jean-Baptiste Lebrun le financement en 1786 d’un voyage en Italie, qui s’avéra décisif. Pendant près de 15 ans, l’artiste occupe en effet une place importante à Rome, notamment pour la peinture de paysage d’après nature, même si les troubles révolutionnaires semblent avoir menacé sa carrière. Il fréquente assidûment la colonie française, semble initier Granet à l’art du paysage, accueille l’émigrée Madame Vigée-Lebrun, la portraitiste de la reine et l’épouse de son protecteur. A partir de 1803, le peintre vit à Naples, où il obtient, à la cour de Joseph Bonaparte, le titre de « premier peintre de la chambre pour les vues et les paysages ». En 1809, à la suite du décès de Jakob Philipp Hackert, il devient  professeur de paysage à l’Académie des Beaux-Arts.

 

Comme beaucoup d’artistes de paysages, Simon Denis ne peignit pas seulement des huiles sur papier d’après nature mais aussi d’après la figure humaines, transposant dans la vie quotidienne l’apprentissage des académies. Ce répertoire de figures prises dans la vie quotidienne napolitaine, resté pour l’essentiel dans l’atelier de l’artiste puis chez ses descendants, servait de modèle pour les personnages placés dans les grandes compositions panoramiques au faire minutieux destinées aux appartement royaux ou à la clientèle du « Grand Tour ». La figure ici représentée a été exécutée à Naples et représente un danseur de tarentelle ave ses castagnettes : cette danse, exécutée à un rythme effrénée sur une musique vive, était très populaire dans le royaume de Naples.

 

Elle connaissant alors un regain d’intérêt à la fois dans la peinture (Sablet exposa au Salon de 1799 un grand tableau sur ce sujet qui fut acheté en 1802 par le cardinal Fesch, aujourd’hui Lausanne, musée cantonal des Beaux-Arts) et dans la littérature. Madame de Staël, dans Corinne, fait danser la tarentelle à son héroïne : « Corinne connaissait si bien toutes les attitudes que représentent les peintres et les sculpteurs antiques, que, par un léger mouvement de ses bras, en plaçant son tambour de basque tantôt au-dessus de sa tête, tantôt en avant avec une de ses mains, tandis que l’autre parcourait les grelots avec une incroyable dextérité, elle rappelait les danseuses d'Herculanum, et faisait naître successivement une foule d’idées nouvelles pour le dessin et la peinture »[1]. Notre figure masculine, illuminée sur la gauche, possède une grande force plastique rehaussée par le raffinement discret des couleurs.

 


[1] G. Necker de Staël-Holstein, dite Madame de Staël, Corinne ou l’Italie, Paris, 1807, livre VI, chapitre 1er.



 
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