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Léon Cogniet

Paris, 1794 – 1880

 

Jeune chasseresse déplorant l’innocente victime de son adresse, 1822

 

Huile sur papier marouflé sur toile

18 x 14 cm

 

 

Léon Cogniet, fils d’un dessinateur de papiers peints, entre à l’École des beaux-arts en 1812. En parallèle, il rejoint l’atelier de Pierre-Narcisse Guérin où il se lie d’amitié avec Théodore Géricault et côtoie Eugène Delacroix. En 1817, Cogniet obtient le prix de Rome avec son Hélène délivrée par Castor et Pollux (Paris, Beaux-Arts) et débute également au Salon, auquel il va régulièrement participer jusqu’en 1855. Après son séjour à la Villa Médicis, Cogniet remporte son premier grand succès avec le Massacre des Innocents exposé au Salon de 1824 (Rennes, musée des Beaux-Arts), tableau considéré comme un chef-d’œuvre du romantisme, en rupture avec l’académisme traditionnel. Par la suite, l’affinité de Cogniet avec la monarchie, puis le Second Empire, lui assure de nombreuses commandes officielles : il participe au décor du musée Charles X au Louvre, à celui de la salle du Trône de l’Hôtel de Ville en 1830 puis à celui de l’église de la Madeleine en 1842. Ses portraits, notamment celui de la veuve Clicquot, participent de son succès. Il est professeur à l’École Polytechnique en 1845, avant d’être élu membre de l’Institut en 1849.  Professeur à l’École des beaux-arts de 1851 à 1862, Léon Bonnat, Évariste-Vital Luminais et Rosa Bonheur figurent parmi ses élèves.

 

Durant son séjour à l’Académie de France à Rome (1817-1822), Cogniet remplit scrupuleusement les obligations des titulaires du grand prix, exécutant avec ponctualité ces exercices obligatoires appelés « envois de Rome », transmis à Paris pour évaluation du travail de chaque pensionnaire. En 1820, il exécute ainsi la Jeune chasseresse déplorant l’innocente victime de son adresse (collection particulière, fig. 1)[1]. Le jeune artiste tenait aÌ€ se montrer capable d’une gamme étendue de thèmes, puisque cette image gracieuse succédait aÌ€ la violence d’un Caïn et Abel (1819) et précédait un Métabus, roi des Volsques (1821). Approuvée par les professeurs et membres de l’Institut, présentée au Salon de 1822, l’œuvre sera retenue et gravée cette même année dans les Annales du Musée et de l’école moderne des beaux-arts, et de nouveau gravée en 1826 par Delaistre. Dans son commentaire du Salon de 1822, Landon montra toutefois une admiration nuancée pour cette peinture certes agréable et qui promettait « un talent très distingué », mais qui ne correspondait pas aux critères d’un envoi académique. Cette critique aurait aujourd’hui une valeur de compliment !

 

On connaissait jusqu’à présent une première étude préparatoire pour ce tableau (collection particulière)[2], témoignant de la naissance de la composition. La jeune femme adopte la même attitude, mais elle est blonde, vêtue d’un drapé blanc et ses pieds sont nus. Ses attributs de chasseresse, l’arc et le carquois, ne sont pas encore figurés ; l’animal mort, la victime innocente, n’est pas représenté. Notre tableau montre une étape postérieure du travail de l’artiste. Ici, tous les éléments sont parfaitement mis en place. Dans une attitude abattue subtilement suggérée par la ligne du cou et du bras tenant l’arme, la jeune femme est absorbée dans la contemplation de sa victime. Les grandes masses du paysage – probablement une évocation du lac de Némi dans les environs de Rome – sont déjà posées et la végétation est esquissée. Cependant, ici, Cogniet utilise des tons chauds et sourds alors que dans l’œuvre achevée le paysage sera plus froid, avec des valeurs contrastées. Délicatement enlevée dans une harmonie retenue de brun, de rouge et de blanc, notre esquisse permet à Cogniet d’explorer un thème cher aux Romantiques, celui de la figure humaine au sein de la Nature.

 


[1] Huile sur toile, 41 x 34,5 cm (Paris, Sotheby’s, 26 octobre 2006, n°1).

[2] Huile sur toile, 21,7 x 16 cm (Bordeaux, Galerie L’Horizon Chimérique, catalogue Résolument romantique !, 2020, n°5).



 
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