Logo Gallerie Terrades
Petit logo Gallerie Terrades

Nicolas-Antoine Taunay

Paris, 1755 – 1830

 

La Fortune et le jeune enfant, 1822

 

Huile sur toile

16 x 14 cm

 

Provenance

Vente M. D., Paris, 1er mai 1936, n°146

 

Bibliographie

A. d’Escragnolle Taunay, Documentos sobre a vida de Nicolau Antonio Taynay (1755-1830), um dos fondadores da Escola Nacional de Bellas Artes, Rio de Janeiro, 1912, p. 40

C. Lebrun-Jouve, Nicolas-Antoine Taunay, Paris, 2003, n°P737, p. 303

 

 

Fils d’un orfèvre-chimiste, Nicolas-Antoine Taunay entre de 1768 à 1772 en apprentissage chez Nicolas-Bernard Lépicié, peintre d’histoire converti à la scène de genre. Après avoir suivi l’enseignement de Nicolas-Guy Brenet, chez qui il perfectionne sa maîtrise de la figure humaine, il travaille auprès de Francesco Casanova, peintre de bataille. Son voyage en Suisse de 1776 a eu une influence fondamentale sur sa conception de la structure du paysage. Ce cursus a fait de Taunay un peintre complet dont la production échappe aux traditionnelles hiérarchies des genres. Agrégé comme peintre de paysage en 1784, il part pour l’Italie la même année, avec le soutien de Jean-Baptiste-Marie Pierre, Premier peintre du roi. A Rome, Taunay délaisse les antiques au profit des études de paysages et de lumière, qu’il effectue aux côtés de Jacques-Louis David. Revenu en France en 1787, Taunay peint des paysages et des scènes bibliques, à la fois italianisante et dans le goût de Poussin, tout en s’inspirant des peintres de genre hollandais de la fin du XVIIe siècle, comme Adriaen van der Werff. Membre de l’Institut dès sa création en 1795, c’est sous le Consulat, puis sous l’Empire, que la carrière de Taunay est la plus brillante. Il illustre les campagnes de Napoléon et peint dix-huit tableaux pour la galerie de Diane aux Tuileries. Après la chute de Bonaparte, l’artiste, craignant pour sa carrière, décide de participer à la mission décidée par Jean VI du Portugal et de part fonder un institut des Beaux-Arts à Rio de Janeiro. Il y restera jusqu’en 1820, avant de rentrer en France suite aux problèmes de financement de l’institut brésilien.

 

Caractérisée par leur fini lisse et soigné, les œuvres de Taunay sont variées : scènes historiques, bibliques, grands décors, ou encore sujets aimables, de petit format, destinés aux amateurs. Taunay a ainsi régulièrement illustré les fables de La Fontaine, ce qui lui a valu le surnom de « La Fontaine de la peinture ». En 1822, il expose notamment La Fortune et le jeune enfant (localisation inconnue)[1] : notre étude semble être une esquisse pour cette œuvre. Elle doit cependant être mise en relation avec d’autres œuvres de Taunay, sur papier, présentant les mêmes dimensions et dont le sujet est également tiré des fables de La Fontaine (Le Vieillard et les trois jeunes gens et Le Meunier, son fils et l’âne, fig. 1 et 2)[2]. Il est donc possible qu’un ensemble plus important de tableaux-miniatures, dont une partie a disparu, ait été consacré à ces fables.

 

C’est entre 1668 et 1694 que Jean de La Fontaine publie ses Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine. Deux-cent quarante-trois fables allégoriques, la plupart, inspirées d’Esope, Babrius ou Phèdre, mettent en scène animaux et humains pour délivrer une leçon de morale. Le succès est immédiat et durable, jusqu’à nos jours. Taunay se tient très proche du texte de La Fontaine : « Sur les bords d’un puits très profond / Dormait étendu de son long / Un enfant alors dans ses classes / […] Près de là heureusement / La Fortune passa, l’éveilla doucement, / Luy disant : « Mon mignon, je vous sauve la vie, / Soyez une autre fois plus sage, je vous prie / Si vous fussiez tombé, l’on s’en fût pris à moi / Cependant c’était votre faute » (J. de La Fontaine, Fables, livre V, fable XI). L’action, dynamisée par le jeu des drapés, prend place dans un paysage à la fois campagnard, comme l’indique les bœufs, et urbain, puisqu’une ville se distingue à l’arrière-plan, derrière l’arbre. On retrouve dans notre petit format toute la saveur de ces scènes savantes et moralisatrices peintes par l’artiste.

 


[1] C. Lebrun-Jouve, op. cit., n°P736, p. 303.

[2] Ibid., n°P1032 et 1033, p. 342-343.



 
Retour