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François-Auguste Biard

Lyon, 1799 – Samois, 1882

 

Les princesses Isabelle et Léopoldine de Bragance à Rio de Janeiro, 1858

 

Huile sur panneau

45 x 32,5 cm

Signé en bas à droite : Biard

 

Provenance

Jean Berthéol (1931-2020), expert en tapis anciens à Drouot

 

 

Personnalité pittoresque et intrépide pour qui l’aventure n’est pas uniquement intellectuelle mais bien réelle, Biard s’est d’abord formé dans une fabrique de papier peint lyonnaise, pour fréquenter ensuite l’atelier de Pierre Révoil à l’école de dessin de Lyon. En 1827, il embarque en qualité de professeur de dessin sur une corvette et découvre ainsi la lumière méditerranéenne, Malte, Rhodes, Chypre, la Syrie. Peintre des hauts faits de la monarchie de Juillet (Louis-Philippe 1er au milieu de la Garde nationale, 1832, musée national des châteaux de Versailles et Trianon), il est également, dans ses grands tableaux d’histoire, un témoin privilégié du second Empire (Une soirée au Louvre chez le comte de Nieuwerkerke, 1855, musée national du château de Compiègne). Grand voyageur, il parcourt l’Europe et participe à l’expédition au Spitzberg et en Laponie dirigée par le médecin et naturaliste Paul Gaimard qui lui inspirera des paysages polaires comme l’étonnant Magdalena Bay (1841, Paris, musée du Louvre), où il rend un effet d’aurore boréale. Sa curiosité insatiable, son sens de l’observation, le trait vif de son dessin font également de Biard un maître de la scène de genre dans Quatre heures au Salon (Paris, musée du Louvre) ou Les Comédiens ambulants (musée national du château de Fontainebleau).

 

Entre 1858 et 1860, Biard séjourne au Brésil : après un an dans la capitale, Rio de Janeiro, il est probablement le premier artiste européen à se rendre dans la forêt amazonienne. De ce séjour hors du commun, il tirera la matière de son célèbre ouvrage Deux années au Brésil, illustré d’estampes réalisées d’après ses dessins et publié à Paris en 1862. Durant son séjour à Rio, Biard est introduit à la cour impériale de Pedro II (1825-1891) par la comtesse de Barral (Luisa Margarida de Barros, 1816-1891), préceptrice des filles de l’empereur. L’activité de Biard durant cette période, en dehors de portraits de haute bourgeoisie brésilienne et de paysages, se caractérise par la réalisation de trois grands portraits en pied qui eurent une certaine résonance dans le milieu artistique et mondain de Rio : l’empereur Pedro, l’impératrice Thérèse-Christine de Bourbon-Siciles et les deux enfants survivants du couple, Isabelle et Léopoldine. Si les portraits de l’empereur et de l’impératrice sont perdus et connus uniquement par les gravures publiées dans l’ouvrage de Biard, le double portrait des princesse impériales se trouve aujourd’hui conservé dans la collection de Dom João Henrique de Orléans e Bragança à Paraty. Notre double portrait des princesses impériales est une réduction du grand portrait. Il semblerait que Biard ait réalisé, probablement à titre de souvenir, des versions réduites de ses différents portraits de la cour brésilienne car on connaît également une version du portrait de l’impératrice, peinte sur bois et dont les dimensions sont exactement semblables à celles de notre portrait (45 x 32 cm), conservée à la Pinacoteca di São Paulo.

 

Ici, Biard représente Isabelle du Brésil (1846-1921) et sa sœur Léopoldine (1847-1871). Sur une terrasse au milieu d’un jardin luxuriant, Léopoldine, alors âgée de 8 ans, est assise sur une chaise longue, les pieds reposant sur un tabouret, tenant un livre ouvert entre ses mains. Au contraire, Isabelle, 11 ans, est debout, le regard fixé droit vers le spectateur et son visage est placé au centre de la composition, juste devant la baie de Rio de Janeiro, dominée par le monolithe de granit appelé mont du Pain de Sucre (Pão de Açúcar). Dans la version définitive, ce paysage disparaitra, de manière à concentrer plus l’attention sur les deux fillettes. Cette position d’Isabelle, centrale et hiératique, n’est pas sans rappeler, de manière délibérée, la tradition du portrait royal en pied, récemment illustré par Biard dans le portrait de ses parents : il s’agit d’illustrer le statut central de la jeune femme qui est devenue, en 1850, à la suite à la disparition du dernier fils de Pedro II, la princesse héritière du Brésil.

 

Nous remercions M. José Luis Sancho du Patrimonio Nacional de Madrid, M. Antonio Filipe Pimentel, directeur du Calouste Gulbenkian Museum de Lisbonne, M. José Alberto Ribeiro, directeur du palais national d’Ajuda et M. Paul Knauss, directeur du musée historique national du Brésil à Rio de Janeiro qui nous ont aimablement fourni des éléments pour la rédaction de cette notice.



 
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