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Jean-Baptiste Martin dit Martin des Batailles

Paris, 1659 - 1735

 

Louis XIV au siège de Mons, 1691

 

Huile sur toile

64,5 x 54,5 cm

Annoté au verso : Louis XIV / Peint par Van der Meulen

 

 

Après avoir étudié auprès du mathématicien Philippe de La Hyre, Jean-Baptiste Martin se forme à l’art des fortifications avec Sébastien de Vauban. En 1674, il entre dans l’atelier d’Adam-François van der Meulen. Celui-ci, flamand d’origine et spécialisé dans la peinture de bataille et de chasse, est l’inventeur d’un nouveau genre de paysage, celui des « conquêtes du roi ». Il s’agit de représenter dans un grand format les différentes batailles victorieusement remportée par Louis XIV, alors au faîte de sa gloire. A l’issue de son apprentissage, Martin est nommé peintre du roi en 1683 tout en continuant sa collaboration avec van der Meulen : il participe notamment au grand programme décoratif élaboré pour Marly à partir de 1688 et comprenant de nombreux tableaux de batailles. A la mort de son maître en 1690, Martin est chargé de terminer les œuvres laissées inachevées et obtient à son tour le titre de peintre des conquêtes du roi. Dès lors, Martin, surnommé « Martin des Batailles », peint une grande partie des peintures décoratives du château de Versailles représentant les batailles du roi-Soleil. A la fin de sa vie, il est sollicité par le duc Léopold Ier de Lorraine pour lequel il réalise une série de vingt peintures consacrées aux batailles du duc Charles V pour la galerie du château de Lunéville.

 

Baigné d’une vive lumière, Louis XIV, âgé mais majestueux, se dresse sur son cheval cabré. De la main droite, il désigne la silhouette bien reconnaissable de la ville de Mons, avec son haut beffroi et la masse de la collégiale Sainte-Waudru. Dans le cadre de la guerre de la ligue d’Augsbourg, qui oppose, de 1688 à 1697, la France à une coalition des puissances européennes (Provinces-Unies, Angleterre, Savoie, Saint-Empire romain germanique, Espagne et Suède), les armées de Louis XIV déployèrent de très importants moyens pour s'emparer de Mons, une des places-fortes les plus importantes des Pays-Bas du Sud. Après de terribles bombardements, la capitale du Hainaut capitule le 8 avril 1691. Cette annexion sera cependant de courte durée : en 1697, lors de la paix de Ryswick, la France doit rendre cette place à la Flandre.

 

Louis XIV est présent lors du siège et de la prise de Mons et demande très rapidement des représentations de cet épisode militaire glorieux. Martin des Batailles, qui accompagne le roi lors du siège de 1691, réalise alors plusieurs dessins encore aujourd’hui conservés au Mobilier national. C’est à partir de ces œuvres qu’il peint une œuvre de grand format, très probablement une commande de Louvois, secrétaire d’État de la Guerre, pour son château de Meudon (musée national des Châteaux de Versailles et Trianon). Notre portrait de Louis XIV a probablement été réalisé à la même époque, pour un autre protagoniste de cette aventure militaire. Si la vue de Mons est totalement identique à celle figurant sur le tableau de Louvois, notre œuvre est centrée sur le roi, mettant en valeur la puissance et la gloire du monarque. En représentant le roi sur un cheval blanc cabré, l’artiste en fait adroitement un chef de guerre, un prince souverain et un empereur romain. Le fougueux monarque se veut l’unique artisan d’une victoire pourtant largement obtenue grâce aux innovations stratégiques de Vauban. La propagande royale s’affiche sans fard dans ce tableau lumineux et d’un adroit réalisme, et contribue à donner de Louis XIV, d’ailleurs excellent cavalier, l’image d’un monarque au sommet de sa puissance et de sa gloire.



 
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