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Giovanni Battista Gaulli dit Il Baciccio

Gênes, 1639 – Rome, 1709

 

Sainte Gertrude la Grande recevant la communion des mains du Christ, vers 1690

 

Plume et encre brune, lavis d’encre de Chine sur préparation à la pierre noire

374 x 227 mm

Annoté au verso : A.A. Coreggio

 

Provenance

Carl Robert Rudolf (Lugt 2811b)

Vente de sa collection, Londres, Sotheby’s, 4 juillet 1977, n°119

 

Exposition

Old Master Drawings from the Collection of Mr. C.R. Rudolf, Londres, Arts Council, 1962, n°26

 

Bibliographie

D. Graf, Handzeichnungen, Die Handzeichnungen von Guglielmo Cortese und Giovanni Battista Gaulli, Kataloge des Kunstmuseums Düsseldorf, Düsseldorf, 1976, vol. 1, p. 146

J. Bean et L. Turčić, 17th Century Italian Drawings in The Metropolitan 

Museum of Art, New York, 1979, p. 172, sous le n°225

S. Loire, Peintures italiennes du XVIIe siècle du musée du Louvre : Florence, Gênes, Lombardie, Naples, Rome et Venise, Paris, 2006, p. 158, fig. 69

F. Petrucci, Baciccio. Giovan Battista Gaulli 1639-1709, Rome, 2009, p. 543, sous le n°C19

 

Œuvre en rapport

Une Bienheureuse abbesse recevant la communion des mains du Christ, Paris, musée du Louvre (R.F. 1997-34)

 

Né à Gênes, Gaulli y reçoit sa première formation avant de se rendre à Rome vers 1657 où il devient rapidement le protégé du Bernin, alors au sommet de sa gloire. Recommandé par ce dernier et collaborant étroitement avec lui – au point que Mariette a pu dire que « le Baciche étoit la main dont le Bernin se servoit pour exprimer en peinture ses idées neuves et piquantes »[1] –, Gaulli connait rapidement le succès. En 1662, il est reçu à l’Académie de Saint-Luc dont il deviendra Prince en 1674. L’année suivante, il obtient sa première commande publique importante : le retable de la Vierge à l’Enfant avec saint Roch et saint Antoine pour l’église S. Rocco à Rome où ses contemporains admirent sa science des glacis et des coloris vaporeux. En 1666, la commande de la décoration de l’église S. Agnese signale le début de son activité de fresquiste qui culminera avec la réalisation de la décoration de l’église du Gesù entre 1672 et 1677, le plus impressionnant décor baroque religieux à Rome de la deuxième moitié du XVIIe siècle. L’avènement d’Innocent XII en 1691 marque le déclin du grand mécénat pontifical : Gaulli se tourne alors vers les collectionneurs privés pour les commandes de décors religieux mais aussi de portraits. 

 

C’est durant cette décennie 1690-1700 que Gaulli semble avoir reçu la commande d’une grande pala d’altare représentant Saint Gertrude la Grande recevant la communion des mains du Christ. Il devait s’agir à l’évidence d’une œuvre majeure mais les sources sont muettes sur cette commande : si le tableau définitif n’a pas peut-être pas été peint, on conserve aujourd’hui encore illustrant le thème un ensemble de six dessins dont deux dessins d’ensemble[2] et le modello conservé au musée du Louvre. L’identification du sujet a donné lieu à de nombreuses discussions : si les noms de sainte Cécile Marescotti ou de sainte Marie-Madeleine de Pazzi ont été avancés, il semble aujourd’hui assuré qu’il s’agit plus probablement de sainte Gertrude d’Helft, dite Gertrude la Grande (1256-vers 1302), une mystique bénédictine du XIIIe siècle. Le procès en canonisation de cette sainte fut ouvert à la fin du XVIIe siècle et son nom inscrit en 1677 dans le Martyrologium Romanum, au titre de la patronne des Indes occidentales. Cette actualité explique sa présence dans plusieurs œuvres contemporaines où elle est, de fait, montrée avec un vêtement très proche de celui de la sainte dessinée et peinte par Gaulli. 


L’ensemble constitué par les six dessins conservés constitue un dossier tout à fait passionnant. La première feuille pourrait être celle présentée ici, probablement un dessin de présentation fini. Soit l’artiste a été mécontent du résultat, soit le commanditaire a souhaité des modifications car Gaulli réalise un deuxième dessin de présentation, de même format que le nôtre (New York, Metropolitan Museum of Art, une rareté, sinon un unicum dans l’œuvre de l’artiste. Si la composition, avec l’abbesse à genoux devant le Christ entourée d’angelots, est sensiblement la même dans les deux feuilles, on notera de nombreux changement de détails : sur notre feuille, la sainte a les bras écartés ; l’attitude du Christ, aux mains quasiment jointes sur la poitrine, est moins dynamique que celle définitivement retenue ; la crosse enfin, qui indique qu’il s’agit d’une mère abbesse, se trouve encore au premier plan. Les dessins conservés à Düsseldorf sont tous en rapport avec cette deuxième version ; c’est d’ailleurs le dessin du Metropolitan Museum, mis au carreau, qui servira pour la réalisation du bozzetto du Louvre.


[1] P.-J. Mariette, Abecedario de P.J. Mariette et autres notes inédites de cet amateur sur les arts et les artistes, Paris, 1853, volume 1, p. 48.

[2]  Pour les trois dessins (dont un recto-verso) conservés au Kunstmuseum de Düsseldorf, voir Graf, op. cit., p. 146, n°455-457, fig. 585-587 et 589. Pour une étude d’ensemble conservée au Metropolitan Museum de New York, voir Bean et Turčić, op. cit., p. 172-173, n°225.

 



 
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